La cote de crédit du Québec vient d’être abaissée en avril 2025, ce qui peut inquiéter. L’agence Standard & Poor’s (S&P) a dégradé l’évaluation financière de la province, l’équivalent pour un gouvernement d’un « pointage de crédit »en invoquant la fragilisation des finances publiques. Pourquoi cette décote est-elle survenue et qu’est-ce que cela signifie? Explications.
Des déficits records à l’origine de la décote
S&P justifie sa décision par les « déficits d’exploitation persistants » du Québec, illustrés par le déficit record de 13,6 milliards $ annoncé en mars 2025, qui marquait un quatrième budget consécutif dans le rouge.
Selon l’agence de notation, plusieurs facteurs structurels alimentent ce déséquilibre: le ralentissement de la croissance démographique (moins de nouveaux contribuables), la forte hausse des dépenses publiques (notamment salariales) et la baisse de certains revenus gouvernementaux. Ce cocktail affaiblit les finances du Québec et a amené S&P à considérer la province comme un emprunteur plus risqué.
Les choix budgétaires du gouvernement Legault
La décote s’explique aussi par les choix budgétaires du gouvernement Legault. Face à l’inflation et aux besoins des services publics, la Coalition Avenir Québec (CAQ) a privilégié de fortes dépenses, tout en évitant d’alourdir le fardeau fiscal des contribuables. À titre d’exemple, une entente récente a accordé 17,4% de hausse salariale sur cinq ans aux employés de l’État, le gouvernement jugeant inconcevable d’offrir moins que l’inflation. Parallèlement, le gouvernement a refusé d’augmenter les impôts, préférant « laisser de l’argent dans le portefeuille des Québécois ». Ces politiques ont toutefois aggravé le déficit public.
François Legault assume ces décisions et affirme ne pas les regretter malgré la sanction de S&P. Il reconnaît qu’il va falloir « faire du ménage » dans l’appareil d’État pour éliminer les dépenses superflues, d’autant que la fonction publique a crû d’environ 17% depuis 2018.
Des conséquences sur la dette et la confiance
La baisse de la cote de crédit a des répercussions concrètes pour le gouvernement. D’abord, une note plus basse signifie un risque accru aux yeux des investisseurs, donc des taux d’intérêt plus élevés sur les futurs emprunts du Québec. Emprunter pour financer le déficit et la dette coûtera donc plus cher. En 2025, le service de la dette devait déjà atteindre 9,7 G$ – environ 20% des impôts sur le revenu des particuliers. Cela représente autant de ressources en moins pour les services publics, et une marge de manœuvre budgétaire d’autant réduite. Si le Québec devait payer des intérêts encore plus élevés à l’avenir, ce fardeau augmenterait d’autant.
De plus, une décote peut éroder la confiance des investisseurs: certains créanciers pourraient hésiter à acheter les obligations du Québec ou exiger des rendements plus élevés pour compenser le risque. Le ministre des Finances, Eric Girard, se veut toutefois rassurant en estimant que la décote n’ajoutera que « quelques dizaines de millions » de dollars par an en frais d’intérêt (environ 10 M$ pour 0,02 point de taux de plus) .
En somme, cette situation rappelle l’importance d’une gestion rigoureuse des finances publiques. Pour maintenir la confiance des prêteurs et limiter les coûts d’emprunt, le gouvernement du Québec devra s’efforcer de réduire son déficit dans les prochaines années, condition indispensable pour la stabilité économique de la province.